Dans le Sud de l’Inde, au cours des années 1950, est née une pratique devenue tradition, celle de peindre des portraits surdimensionnés d’acteurs sur des panneaux découpés et disposés à l’extérieur des cinémas. Mis en péril par l’impression digitale uniformisant le paysage visuel urbain, ce savoir-faire est à l’agonie. Hanif Kureshi s’est donné pour mission de réhabiliter la peinture traditionnelle de rue en l’actualisant et en en détournant ses objectifs. Passant commande auprès d’une multiplicité de peintres auparavant sollicités par les studios de Bollywood, l’artiste installe dans l’espace public des grands portraits, non plus de stars, mais d’anonymes qu’il photographie. A Paris La Défense, ce portrait de femme installé sur des échafaudages opère comme un symbole du fait-main et une injonction à cultiver les particularités culturelles.
